Géographie embrumée

« Il faut vraiment que tu fasses une carte de ton univers. »

C’est de mémoire ce que m’a indiqué en marge d’un fichier Word mon amie correctrice, répondant sans doute aussi bien à un besoin de se représenter plus précisément l’agencement des huit royaumes d’un point de vue géographique que d’une simple envie d’amatrice de cartes imaginaires.

En ce qui me concerne, je renâcle encore à en faire une, préférant me limiter à cette disposition mentale :

– Le Kirkland est au nord du Royaume.

– L’Ohini, à l’est et une partie du sud.

– Le Shimabei, au-delà de l’Ohini, à l’est.

L’Amercya, à l’ouest du Royaume. L’Amercya (vous vous en doutez avec un tel nom) est un vaste territoire, bien plus vaste que celui du Royaume.

– Le Slavring est au nord de l’Amercya.

– La Cymbadie, au sud.

Enfin la Calyxie, quelque part… je ne sais pas où en fait. Des huit royaumes, il est celui qui jusqu’à  présent n’a pas encore été arpenté par un des personnages. Ce sera chose faite dans le Livre IV mais en attendant, il est perdu dans le brouillard, n’ayant pour le moment que peu d’importance scénaristique.

Cela pour dire que s’il pourrait être plaisant de créer une carte (d’autant plus facile que certaines applications permettent de le faire en quelques clics, j’en avais utilisé une pour la carte du Shimabei), il est surtout utile de se détacher d’une carte trop précise et, partant, trop contraignante. D’autant qu’à l’intérieur des royaumes, j’évoque parfois des contrées, des régions. Ainsi Charis dont on apprend qu’elle est d’origine zamoréenne. Fort bien, mais où se trouve le Zamor ? Dans mon esprit, cette partie du Royaume était proche de l’Espagne et on pouvait donc l’imaginer soit au sud, soit à l’est, à la lisière en tout cas de la frontière avec l’Ohini puisqu’il y fait assez chaud. Autre chose : à combien de journée de cheval cette région se situe-t-elle de la capitale ? La question peut sembler sans importance et pourtant, si j’écris quelque part qu’il faut cinq journées pour y aller, cela peut très vite entrer en contradiction avec d’autres précisions de ce type, rendant la conception d’une carte encore plus ardue, semblable à un joli casse-tête, car des indications géographiques écrites tout le long des trois mille pages, il y en a un paquet.

Cela se fera peut-être un jour, mais pour l’heure, le brouillard est un précieux allié pour ne pas s’encombrer d’une géographie trop précise. Et c’est la même chose pour la géographie de la Capitale et celle du Château. C’est une géographie qui se plaît à empiler les noms de lieux, mais pour ce qui est de la donner à voir rigoureusement sur un plan spatial, c’est autre chose. Finalement, je m’aperçois qu’il y a tout de même un type de géographie que je répugne à laisser enveloppée par le flou : celle du corps féminin. Là, je puis être bon élève (même très bon, limite fayot), mais en-dehors de cette exception, vive la brume !

Gaspard Auclair

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