Le Kirkland, pays des buveurs de bière (tiède)

Un couple kirklandais ordinaire, dans une taverne kirklandaise ordinaire, à une heure ordinaire : neuf heures du matin.

Après dame Charis, changeons un peu d’atmosphère, de style : parlons du Kirkland (mais pas trop longtemps non plus).

On a fini par se lasser de compter les innombrables guerres qui ont émaillé les relations entre le Royaume et le voisin kirklandais. Une chose est sûre, les meilleures choses ont toujours une fin et il a bien fallu se rendre à l’évidence : continuer à quereller à coups de guerres ponctionnant la jeunesse des deux pays n’était plus tenable. D’ailleurs, pas que pour ces deux-là puisque les six autres royaumes aussi commençaient à devenir exsangues d’incessants troubles avec tel ou tel voisin.

D’où la nécessité d’opter pour les duels d’état en utilisant des guerriers incarnant l’excellence dans les armes, tels les Déïmos, les Toraks (pour le Shimabei), les Wärlanders (pour un pays que je présenterai bientôt) et d’autres grands guerriers que le lecteur découvrira au fur et à mesure de sa lecture des Callaïdes.

Dans un chapitre, on apprend à quel degré de détestation Marceau tient dans son cœur le roi Eadwig et son Kirkland de merde (soyez assuré que l’expression n’est pas de moi). Et le narrateur des Callaïdes (dont j’ai découvert récemment toute une cargaison de nouvelles manuscrites, la première a été publiée il y a peu) restitue non sans malice ce que pense un autre personnage de ce pays :

Certes, il était conscient que le pays possédait de vigoureux artistes, aussi bien dans le domaine de la littérature, de la musique ou de la peinture. Il appréciait d’ailleurs le talent d’un certain nombre d’artistes de la capitale, artistes qu’il essaya de rencontrer. Mais en dehors de cela, il maudissait l’horrible pluie qui tombait parfois sans discontinuer des jours durant. La bière l’écœurait, la nourriture le faisait frémir de dégoût. Quant aux femmes… après avoir admiré Ayamé dans ses parures, il avait l’impression de tomber dans un gigantesque sérail de femmes truies, elles aussi buveuses de bières, aux dents proéminentes et à la mine chafouine. La reine avait copié le système de Callaïdes et avait derrière elle une meute (rien moins que dix jeunes femmes ! cela pour en remontrer bêtement par la quantité). C’était à pleurer !

Charis de la nuit, tome II, chapitre XXXVI

À noter que les Callaïdes du Kirkland se nomment les Galeswinns, ce qui, dans notre belle langue, a inévitablement donné lieu à plein de calembours plus ou moins décents (mais fort drôles au demeurant). Quant à leur bière que les Kirklandais préfèrent boire tiède, révélons ce qu’en pense le roi Marceau :

Il enrageait de voir que le ô combien abhorré Kirkland faisait parvenir au Shimabei des centaines de tonneaux de leur maudite bière à goût de pisse !

Des Errances de Mari, tome II, chapite XIL

Néanmoins tout n’est pas non plus pisseux dans ce sinistre royaume. Témoin le tome I du Livre II dans lequel quatre jeunes gens nés là-bas feront la connaissance et la joie des Callaïdes (d’une en particulier).

Terminons en révélant en vrac que les Kirklandais ont coutume de boire plus que de raison, que la lutte kirklandaise ne se pratique qu’avec les poings, que la capitale est Torkwinn et qu’un personnage important du livre I y est en train de pourrir en attendant un éventuel retour. Et cette petite fiche présentant le Kirkland ne serait pas complète sans faire un renvoi à ce bel article expliquant ce qu’est une goton grâce à un extrait du Voyage au Kirkland, d’Alexandre Musad.

Sur ce, je vous laisse, je m’en vais boire une bière (fraîche).

Gaspard Auclair

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