Tripot de dénudage

On trouve vraiment de tout dans le DRA (Dictionnaire Royal Académique). Tenez, jugez plutôt :

Tripot de dénudage : nom donné à certaines tavernes dans lesquelles les clients peuvent boire tout en appréciant le spectacle d’une danseuse perchée sur une table et occupée à se délester avec art de ses vêtements, l’un après l’autre. Le choix de “tripot” plutôt que de taverne vient sans doute du fait qu’il est permis, moyennant quelques piécettes, de “tripoter” ledit dénudage.

Quelques informations supplémentaires transmises par Gaspard Mercier : il faut tout de même s’acquitter d’un demi-écu pour avoir le droit d’entrer dans le lieu et le tripotage est permis selon ce tarif (curieux comme monsieur Mercier a été loquace quand je lui ai demandé quelques précisions) :

  • 5 sous : droit de tripoter durant dix secondes un tétin ou une fesse.
  • 8 sous : droit de tripoter les deux tétins ou les deux fesses durant dix secondes (notez le prix avantageux et incitatif !)
  • 15 sous : droit d’enfoncer le visage entre les seins durant vingt secondes et de se faire un massage mamellique de la face.
  • 20 sous : embrasser des lèvres (et non de la langue) le bijou de l’artiste durant cinq secondes.

Mercier me précise qu’il n’y a pas intérêt à outrepasser le temps ou les manières permises par le tarif. C’est s’exposer, après le tripotage, à expérimenter le vidage par l’entremise d’un robuste employé payé pour expulser les mauvais sires de l’établissement.

Enfin, sur la table (ou le tréteau) où danse l’artiste se trouve une tirelire de forme égrillarde (je n’ose reproduire la description que m’en a fait Mercier). Un spectateur a juste à s’en approcher tout en montrant bien la somme qu’il y insère pour avoir droit à une partie de tripotage brève mais inoubliable. Eventuellement, certains clients parmi les plus galants et les plus fortunés peuvent suggérer à l’artiste une séance particulière, dans un autre endroit particulier, une fois le dur labeur terminé. Dur labeur, oui, Mercier m’a suggéré la lecture des Mémoires d’une danseuse de tripot d’une certaine Fanny Rochecombe pour m’en persuader. Il me l’a prêté, j’essaierai d’en donner un extrait, un jour.

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