Meurtrerie ou simple suicide d’une servante en désespérance ?

C’est fort tôt hier que deux sergents de ville ont fait au pied des remparts sud du château une macabre découverte : le cadavre d’une jeune servante travaillant au château, la petite Léonie Richard, quinze ans. Comme elle officiait dans le giron du prince Richard, c’est maistre François lui-même, le médecin de la reine Catelyne, qui s’est occupé d’examiner le corps, étant entendu que la jouvencelle avait fait une chute de plus de soixante pas. Restait à savoir cependant si son corps arborait des marques de blessures qui lui auraient été faites avant sa chute ou si son sang présentait des anormalités faisant suspecter quelque empoisonnement. Il s’est avéré qu’il n’y avait rien de tel, ce qui donne à penser que Léonie avait simplement décidé d’abréger sa vie.
Cela peut paraître bien improbable à ceux qui ont connu cette jouvencelle pleine de vie et adorée par ses proches. Et pourtant, le témoignage d’un garde, monsieur Adalbert Toufion, ne laisse que peu de doute quant à ce sinistre choix :
“J’ai vu ce que j’ai vu : j’ai croisé la gamine, alle a monté l’escalier avec la gueule de quelqu’un allant voir Charlot !”
Les choix de l’âme humaine sont insondables. Que ce petit ange trouve dans l’autre vie plus de réconfort ! Toutes nos pensées à sa famille fort pauvre qui, en plus de chérir leur perle, comptait sur ses revenus pour apporter un peu de chaleur dans la pauvre mansarde où ils vivent, à Claquart (ce sinistre nom dit bien des choses sur la détresse dans laquelle cette pauvre famille doit se trouver).
Comme à son habitude dans ce genre de drame, La Gazette n’hésitera pas à publier des mots de réconfort pour la famille Richard.

Antoine Faumiel

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