Les poèmes retrouvés de Charis de Verley #1 : Dis-moi : suis-je, suis-je, suis-je bellotte ?

On dénombre je ne sais combien de milliers de poèmes écrits de la main de Charis de Verley. Un grand nombre ont été publiés, d’autres ont été perdus, d’autres finissent par être retrouvés au gré des caprices du temps. C’est le cas de ce poème que Gaspard Mercier, le narrateur des Callaïdes, m’a gentiment fait parvenir avec ce commentaire :

Cher ami, ce poème a probablement été écrit durant la dix-septième année de Charis et, si l’on sait que la Callaïde ne dédaignait pas lire des pièces un peu lestes de sa composition en présence de la reine, il y a fort à parier que ces vers ne lui ont pas été récités. On peut cependant se dire qu’ils ont été écrits à plusieurs mains en compagnie de ses amies puisqu’il s’agit très clairement d’un poème destiné à se gausser d’une personne, état d’esprit assez étranger à la Callaïde. Il s’agit probablement d’une jeune noble nommée Delphine Malemort, née à Bhar, affligée d’un léger bégaiement (d’où peut-être la raison de la répétitions des “suis-je”), qui vivait au château et qui clama un jour aux bains, alors que les Callaïdes se trouvaient non loin, qu’elle les trouvait « bien surfaites en vérité ». Si la pièce n’a pas été publiée, il est probable qu’elle ait circulé le lendemain au château afin de mortifier l’insolente. À noter l’acrostiche (que vous aurez bien sûr remarquée), avec le DM initial qui ne laisse aucun doute de l’identité de la cible, et le mot de douze lettres qui suit et qui ne laisse, lui, aucun doute sur un physique sans doute peu fait pour danser l’arvalie.

Dis-moi : suis-je, suis-je, suis-je bellotte ?
Miroir le dit sans doutance. Admirons :
Belle bouche, air charmant, jolie motte,
Où donc n’ai-je pas de perfection ?
Un nez fin, une chevelure d’or,
De gros tétins et un beau cul de Bhar :
Il n’en est pas de pareil à Claquart. (1)
N’ai que seize ans mais large est mon trésor,
Aisé l’amant qui en aura la clé.
Il faudra cependant aider sa chose,
La grosse panse empêche d’avancer,
Le con oursu ne fait guère rêver
Et mes âcres aisselles indisposent.
Suis-je, suis-je, suis-je ballotte ?

(1) Un des pires quartiers de la Capitale.

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