Je me souviens (2)

Finalement, on se prend facilement au jeu de ces couenneries oulipesques. Voici à nouveau une rasade de vingt souvenirs :

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Je me souviens qu’un jour, mon oncle Jean-Bernard, adorable colosse barbu musicien de jazz, avait passé la nuit chez mes parents (j’avais alors six ans), à Messac (Bretagne). Après le dîner, nous avions regardé ensemble Le Bon, La Brute et le Truand alors que dehors un orage assez incroyable faisait fête de pluie et d’éclairs.

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Je me souviens de l’odeur du papier des vieux albums de Bicot et les Ran-tan-plan.

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Je me souviens d’ailleurs que Bicot avait une grande sœur prénommée Suzy, d’un côté autoritaire et détestable, de l’autre belle et élégante (ce qui faisait qu’on lui pardonnait ses défauts).

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Je me souviens de P’tit Maurice et de Poildur, dans cette histoire de Spirou sur la boxe.

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Je me souviens que lors d’un camp de vacances, quelques garnements dont je faisais partie avaient commis une expédition douteuse (et cependant pleine d’attraits) afin de voir à travers une grande fenêtre les filles se déshabiller pour prendre leur douche (j’espère que cet aveu ne va pas causer l’apparition de mon nom sur certains réseaux sociaux accompagné du hashtag #balancetonporcelet).

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Je me souviens des deux Tex Avery entre les deux films de La Dernière Séance.

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D’ailleurs, je me souviens que Schmoll y était toujours bien entouré.

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Je me souviens que lorsque je lisais les albums de Buck Danny, j’aimais particulièrement les gags dus au caractère de Sonny Tucson.

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Je me souviens des numéros d’Akira qui sortaient en kiosque.

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Je me souviens d’amis manouches quand j’avais dix ans.

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Je me souviens de la voix de Roger Dadoun.

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Et je me souviens de celle de Jankélévitch. Plus précisément, je me souviens de son débit qui me donnait toujours l’impression d’entendre une intelligence de premier ordre.

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Je me souviens qu’un jour — je devais avoir sept ans — j’étais tombé sur l’affiche de Mad Max en compagnie de mon père et qu’il m’avait dit que c’était un film très violent, que je ne pouvais le voir. L’affiche m’avait alors étrangement fasciné et je me souviens m’être dit que les adultes devaient être de grands malades pour voir de tels films. Ce n’était pourtant que Mad Max.

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Je me souviens des discrets crachotements de Dark Side of the Moon, de Wish You Were Here et d’autre vinyles de mon père.

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Je me souviens des reflets du soleil crépusculaire sur le décolleté de Lana Turner dans Les Trois Mousquetaires, de Georges Sydney, alors que son personnage doit suivre le bourreau qui va l’exécuter.

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Je me souviens de mon étonnement face à Ah ! Les Belles Bacchantes ! Effectivement, je n’associais pas vraiment Louis de Funès à un film avec plein de femmes montrant leurs fesses et leurs seins.

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Je me souviens du bar et de son coin magazines où je me rendais chaque mercredi, après l’école, pour acheter Spirou.

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Je me souviens d’une émission sur FR3 dont je ne me rappelle plus le titre. Il s’agissait pour des candidats de naviguer dans une exploration filmée (dans différents types de décors) leur proposant des choix (à droite, à gauche, monter un escalier, en descendre…). Un “jeu dont vous êtes le héros” télévisuel, en somme.

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Je me souviens de mon Atari 2600.

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Je me souviens du petit frisson de plaisir lorsque j’insérais une pièce de dix francs dans une borne de Street Fighter II.

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