Définition du DRA (Dictionnaire Royal Académique) :
Pince-cul : nom masculin désignant d’abord ce geste – galant selon certains, grossier selon d’autres – consistant à mettre la main sur le fessier d’une dame, allant parfois jusqu’à le pincer, ensuite, ces lieux de débauche où l’on peut effectivement pincer tous les culs que l’on veut contre quelque argent (culs et bien d’autres choses d’ailleurs).
Extrait d’un article paru dans La Gazette du Royaume :
Les lectrices de la Gazette ne sont pas sans avoir remarqué depuis quelque temps la recrudescence d’un fléau que l’on croyait disparu : le pince-cul. Donné par un suiveux, le geste ne prête pas à conséquence. Il est supposé témoigner à la fois de l’affection que l’on porte pour vous et d’une admiration teinté de joie de posséder les petites beautés de votre personne. Quand cela arrive, on sourit évasivement, on feint de se sentir flattée tout en levant les yeux au ciel, et le tour est joué, vous avez donné du contentement à peu de frais à votre benêt qui se sent lors tout-puissant et bien chanceux de vous « posséder. »
Mais tout se gâte quand ce type d’hommage se multiplie de façon excessive, comme si vous étiez une vache que l’on palpait à une foire. Palper la croupe plusieurs fois par jour ! Et pourquoi pas les mamelles et vérifier votre dentition tant qu’on y est ?
Et que dire quand le geste est le fait d’un fat qui n’est rien pour vous et qui croit vous honorer ainsi ? Or, beaucoup parmi vous, si j’en juge le courrier que nous recevons, semblent être victimes de ce geste depuis quelque temps. Et comme de bien entendu, ce dernier est porté par des mains sales appartenant à un ânier soit vieux, soit laid comme un marsouin, voire les deux. Et ne croyez pas que les dames du château soient épargnées car l’essentiel de ces missives proviennent justement de dames – parfois mariées – qui n’ont d’autre tort que d’avoir un fessier attirant trop les regards – et les mains – dans l’étroitesse d’un des corridors du château.
Consommement de tout : ces gestes infâmes sont parfois le fait de personnes supposées incarner une certaine respectabilité ! Vous seriez ici surprises de noms qui nous ont été transmis, deux en particulier que nous tairons… pour l’instant.
Qu’y faire ? me demandez-vous souvent dans vos lettres. Question délicate qui dépend beaucoup de votre personnalité. Personnellement, je vois quatre possibilités.
D’abord, la bonne vieille méthode : le soufflet. Certes, il faut du cran car vous ne savez jamais si une mitaine peut avoir une fâcheuse conséquence. Néanmoins, pour le cas que la main impudente proviendrait d’un vieux barbon, allez-y franchement en appuyant rien d’un regard courroucée. Puisque l’on s’attend à ce que vous soyez gente, montrez justement que vous n’êtes pas la gente que l’on croit, dans ce genre de circonstances, cela surprendra toujours.
Autre solution : faire preuve d’esprit. Mais là aussi, choquée par ce que l’on vous fait, vous aurez peut-être l’esprit en escalier et ne parviendrez pas à trouver dans l’instant des mots faits pour acorner l’insolent. Rappelez-vous juste (et essayez d’imiter) ce trait de dame Hortense à qui un fâcheux venait de pincer le cul : « Fi ! Vous devez être bien misérable chez vous pour en être rendu à larciner des pommes qui ne vous appartiennent pas.» Les plus jeunes parmi vous l’ignorent peut-être, aussi je rappelle que « misérable » peut désigner un homme qui… comment dire ?… ne connait dans son lit que froidure et solitude. Inutile de dire que dame Hortense eut les rieurs de son côté et que le fâcheux jugea préférable de s’acheter honnêtement des pommes au marché (ou d’aller à quelque miteux pince-cul).
Troisième solution : en parler soit à votre suiveux, soit à votre époux. Nul doute qu’il sera choqué et qu’il aura à cœur de demander réparation. Mais voilà, tout cela est bien radical pour un pince-cul et peut devenir franchement ennuyeux si votre aimé se retrouve avec une épée au travers de la poitrine. Ce n’est pas la solution que je conseillerais, à moins d’être alliancée à un Déïmos.
Enfin, il y en aurait bien une dernière voie : écrire tout simplement à La Gazette, nous dire par exemple : « Moi aussi, on m’a fait un infâme pince-cul et voici le nom de l’outrecuidant : M. un tel. » Peut-être que la perspective de voir leur nom divulgué de manière si disgracieuse dans nos feuillets fera réfléchir les importuns ? Essayons toujours.