Définition du DRA (Dictionnaire Royal Académique) :
Genoutons (à) : locution désignant la posture couramment utilisée pour prier dans la religion ansistique, c’est-à-dire sur les genoux, le corps droit, la tête penchée et les mains apaumées. Rappelons que son origine est cette lettre de l’ancienne langue zamoréenne, qui est devenue le symbole de Dieu :
Ce qui explique pourquoi l’on considère que cette posture est la plus pure, la plus à même pour dialoguer avec le Créateur. Accessoirement, les maistres de médecine ont prouvé qu’elle améliorait la concentration, soulageait la rate, soignait la constipation, affermissait les gambes et les hanches des prieresses quand la posture était tenue longtemps, et donnait pour les hommes une bonne texture à la semence dans les couillons, chose appréciable pour la fécondation recommandée par le Livre Divin. Une fois encore, cet exemple nous montre que Dieu a vraiment pensé à tout !
Quand j’étais gosse, il y a eu une année assez pénible, celle où je devais me farcir du catéchisme le mercredi matin et surtout me fader la messe dominicale. Cela ne m’a pas détourné à vie de l’art religieux (le vrai, pas celui consistant à pondre des chansons avec des textes ineptes et destinées à être ânonnées avec une ferveur naphtalinée), mais cela aurait pu. C’était terrible, je me souviens que je bâillais toutes les dix secondes à m’en déchirer les mandibules et je ne comprenais jamais le fonctionnement du missel. Je le feuilletais à la hâte, cherchant en vain la bonne chanson, me disant qu’il aurait été bien plus sympa de rester au chaud à la maison pour lire Spirou plutôt que ce bidule.
Mais en tombant aujourd’hui sur cette peinture malicieuse d’Albert Guillaume, je me dis que j’ai raté le coche. Au lieu d’entrer dans l’église pour occuper la première place venue, j’eusse dû au contraire la choisir en fonction du voisinage et attendre avec fébrilité les moments où l’on devait se mettre à genoutons. Je suis sûr alors que mon âme eût été plus à même de réfléchir avec ardeur sur certaines voies impénétrables et sur certaines beautés permettant de croire en l’existence de Dieu…
Gaspard Auclair