Parmi la vaste production poétique de Charis de Verley, un nombre non négligeable de pièces que l’on peut qualifier de “lestes”, de “légères”, de “tendres” ou d’ “inconvenantes” selon le tempérament du lecteur. Il existe ainsi trente poèmes correspondant au genre de l’énigme, ces poèmes ludiques souvent improvisés que les dames (parfois des hommes se piquant de tâter du vers) composaient et récitaient dans des salons.
La pièce qui suit s’intitule sobrement L’Écrin et n’est pas d’une grande difficulté. À noter qu’il existe deux versions concernant le septième vers. Dans l’une, “bel ami” apparaît, dans l’autre (plus difficile à trouver pour des raisons évidentes), “belle amie”. Les chances pour que cette devinette ait été récitée en présence de la reine Catelyne sont à peu près nulles. En revanche, il n’est pas impossible qu’il ait été composé lors d’une réunion intime avec les autres Callaïdes, ou bien pour faire plaisir à la princesse Israa el’ Azumi.
Au creux des plis secrets, là où s’ouvre l’écrin,
Un doux refuge extasie du soir au matin.
Caché des regards, tel un jardin de mystère,
Il livre ses charmes à l’amant téméraire.
Sous l’arc des délices, murmure un doux secret,
Rivière de plaisir, entre deux monts en paix.
Qui suis-je, bel ami, dis-moi si tu devines,
Cet antre enchanté où la passion culmine ?
Que ta langue agile révèle son secret
Et l’accès à mon refuge lui donnerai.