Pudeur et Vergonde

Jeune fille pleine de pudeur ou en proie à la vergonde ?

Deux notions à ne surtout pas confondre ! Voici les définition du DRA (Dictionnaire Royal Académique) :

Pudeur : nom féminin désignant la forte réticence d’une personne à dévoiler aussi bien certaines parties de son corps que des facettes de sa personnalité qu’elle considère comme appartenant à la vie intime.

Vergonde : nom féminin désignant une pudeur poussée dans ses derniers retranchements et sur le point de céder. Il faut ici noter que le terme « dévergonder », volontiers péjoratif, ne rend pas justice à la complexité finalement assez gracieuse de la vergonde : on refuse de se montrer mais en même temps, on sent pousser le désir de le faire, désir qui pourrait déboucher sur un réel plaisir. C’est une notion cruciale pour bien comprendre la poésie érotique du VIIème siècle. Le verbe « dévergonder » était d’ailleurs déjà usité et se limitait à son sens premier, c’est-à-dire « se débarrasser de la vergonde » et non plus celui qu’il possède maintenant, « s’adonner à la débauche la plus repoussante. » Pour reprendre la formule de Jehan Palindy, « la vergonde est le voile pudique que l’on est subitement bien las de porter ».

En guise d’exemple, je pourrais compléter avec cette phrase écrite récemment dans le Livre III :

En la voyant danser la jaïdi, Mari se dit que cette danse n’avait rien de vulgaire, qu’elle était au contraire une ode à la plus belle, à la plus pure des vergondes.

Gaspard Auclair

Leave a Reply