« Tant que j’en crèverai ! »
Il s’agit d’une fameuse phrase répétée par le personnage de Rubigneux, dans Le Père gloutonneux, de Montsorlin.
Nous sommes à l’acte IV. Conseillé par le vil Ébraudin, Rubigneux, père indigne qui ne songe qu’à bâfrer, fête sa résolution définitive de ne pas marier son fils à la charmante Trésorine qu’il se destine à lui-même (vision aussi horrible que répugnante). Il se trouve à table, avec deux amis à lui qui sont de vieux coquins profiteurs et, tout en racontant comment il s’est joué de la naïveté de son fils qui a cru qu’il accepterait de le marier à Trésorine, il ne cesse de s’extasier sur les plats qu’il engouffre. Et à chaque fois, un des amis lui demande : « Tu aimes donc bien les pâtés ? Tu adores donc le boudin ? » etc. etc., questions qui amènent invariablement la même réponse, « Tant que j’en crèverai ! », suscitant l’hilarité. Sauf que, à la fin de l’acte, on s’aperçoit que l’exclamation était prophétique car, pris d’un malaise, Rubigneux crève pour de bon, victime de sa gloutonnerie ! Dans l’acte V, le fils et Trésorine auront à trouver un moyen pour se débarrasser d’Ébraudin qui veut mettre la main sur l’héritage.
À noter que cette phrase est prononcée par l’une des Callaïdes dans un contexte très particulier, au milieu de personnes qui ne font pas le lien avec cette référence à une pièce de Montsorlin assez peu jouée. Ce qui la fait sans doute passer pour une folle mais, dans le contexte où elle se trouve, c’est bien le cadet de ses soucis.
Gaspard Auclair