Onivice

Définition du DRA (Dictionnaire Royal Académique) :

Onivice : nom masculin désignant une créature imaginée par les superstitions populaires. L’origine du mot est aisée à expliquer : oni vient de “onirique”. Inutile de préciser pour vice. Cet animal prend la forme d’un corps d’homme minuscule disposant d’une tête et de pattes de lapin, ainsi que d’une queue de chat, ces deux animaux étant bien connus pour s’adonner continuellement à la fornication. Ses victimes sont exclusivement des pucelles et des jouvencelles entre treize et dix-sept ans environ dont il pollue les nuits de sa présence en se juchant sur leur lit et en les observant intensément, ce qui a pour effet de faire naître en elles toutes sortes de rêves impurs faisant éprouver à leurs corps des effets pernicieux. Des maistres de médecine ont toutefois cherché à démontrer que ces visions et ses effets étaient doublement salutaires, d’abord en éduquant et en préparant les jeunes filles à une facette de la vie conjugale, ensuite en faisant jaillir un trop plein d’humeurs, permettant  ainsi à la nature naturellement hystérique et déréglée de la femme de se “rerégler”. L’onivice est surtout utile pour celles qui mettraient un peu de temps à se trouver un mari. Normalement, à ses dix-sept ans, si elle est bien mariée, une jeune femme ne doit plus être visitée par un onivice. Évidemment, c’est une autre histoire si elle est mal mariée, notamment auprès d’un mari âgé incapable de s’acquitter du tribut de mariage. Mais même dans ce cas, l’onivice n’apparaît pas nécessairement car il est remplacé par une autre créature, plus réelle celle-là, l’amant.

À noter que si les croyances s’effraient de l’existence de certaines créatures nocturnes, les jeunes filles ne s’émeuvent guère de la possible visite d’un onivice. Elles semblent au contraire l’appeler de leurs vœux, ce qui en dit long sur le dérèglement des mœurs propre à notre époque.

Ce qui est bien avec le DRA, c’est qu’il fonctionne dans les deux sens : il me permet autant de consigner des mots déjà utilisés que de consigner des termes susceptibles de l’être. Je gage que je ferai prochainement bon usage de l’onivice.

Gaspard Auclair

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