Alors que le livre III s’approche de son dernier tiers, Alya, jusqu’à présent la Callaïde la plus discrète, refait parler d’elle alors que je ne lui avais rien demandé. Mais à la réflexion, elle a fort bien fait : puisque le Livre IV lui sera consacré il est bon de commencer à affirmer sa présence, de manière violente comme elle l’a fait ce matin, afin de semer des graines qui germeront plus tard pour donner de belles roses ou d’inquiétantes plantes carnivores.
Alya, je le rappelle (elle avait déjà été évoquée dans cet article), est la Callaïde incarnant la nymphe noire de peau Amété, mais dont l’art de prédilection est la musique (Amété étant la nymphe représentant la comédie). Elle nourrit un petit complexe vis-à-vis de Mari dont la maîtrise de la danse lui semble plus complète, plus divine que la maîtrise de son art mais elle ne désespère pas à l’idée d’atteindre les mêmes sommets. Ajoutons qu’il n’est pas toujours facile pour une dame issue du royaume d’Ohini, avec la couleur de peau qui va avec, de vivre au Château du Royaume. Surnommée la pouliche noire par les soudards, elle est vue, sans doute avec la Callaïde jaune, comme une sorte de complément exotique mais dispensable au petit cénacle des Callaïdes de la Reine. Et comme en plus Alya est de ces femmes qui n’ont que du dégoût pour les hommes, préférant les bras et la langue d’une femme – type de relation passablement honni dans le Royaume –, il va sans dire que le personnage sombre régulièrement dans une certaine mélancolie que seules les notes de sa viole de gambe et la compagnie de ses sœurs parviennent à combattre.
Elle est sinon sage et, contrairement à Sybil et Aalis, ne trouve aucun plaisir à l’idée d’assister à un prestigieux tournoi d’escrime dans lequel de jeunes gens vont trouver la mort sous les yeux d’un public assoiffé de sang et de hauts faits (cf. le tournoi de Déïmos dans le tome II du Livre I). Il faut dire que la mort, elle a amplement donné durant son enfance. Ballottée à droite et à gauche lors de la guerre d’Ohini, elle a assisté à des scènes qui explique pourquoi elle préfère se cloitrée chez elle, une fois son service de Callaïde terminé, à jouer des notes pour la nuit, en compagnie de sa servante, Ninon, choisie parce qu’elle était capable de jouer des instruments et donc de l’accompagner.
Des cinq Callaïdes, elle est certainement celle qui a eu pour l’instant le moins d’importance. C’est en train de changer avec ce qu’elle m’a fait ce matin et je prédis un Livre IV passablement sombre.
Un mot sur l’illustration de l’article : pour la première fois, l’intelligence artificielle s’affiche dans ces pages. J’ai souvent eu des commentaires positifs sur l’iconographie présente sur le site. Certes, mais je précise que cela est le fruit, parfois, de longues recherches pour trouver une image en adéquation avec le sujet. Et il est souvent bien frustrant de ne pouvoir en trouver une, surtout dans une résolution décente.
Ainsi Alya. C’est tout bête mais allez trouver une peinture classique d’une belle jeune femme noire vêtue d’une robe médiévale ! De même pour Mucha, Klimt et toute une esthétique Art Nouveau dont je suis friand : impossible d’y trouver des nymphes d’origine asiatique ou africaine. Mais toutes ces difficultés ne sont plus grâce à une I.A. nommée Midjourney. C’est assez vertigineux : quelques mots clés bien pensés, on envoie la demande à l’I.A. et, quelques secondes plus tard, elle nous envoie une proposition d’images. Pour celle de cet article, je lui ai évidemment suggéré de faire à la manière de Gustav Klimt. Banco ! Le hasard a fait qu’elle m’a même restitué la chevelure en forme de halo que j’avais omis de préciser.
Tout cela peut paraître anecdotique, j’en conviens, mais mon écriture marche tellement à l’image (qu’elle soit mentale, fantasmée, ou préexistante à travers des illustrations, des tableaux, des photogrammes, etc.) que je sens que cet outil va constituer un excellent compagnon à la création.
Gaspard Auclair