Définition du DRA (Dictionnaire Royal Académique) :
Chambrelle : nom féminin désignant une petite chambre, entrant ainsi en concurrence avec « chambrette », cependant avec une différence : il désigne précisément une petite chambre de servante. La formation du mot est incertaine, il est probable qu’il provienne de la contraction de « chambre » et de « celle », mot désignant autrefois une petite chambre mais renvoyant aussi au pronom féminin à valeur péjorative. Ainsi le sens de chambrelle serait : la chambre de “celle”, cette fille de rien, cette catiche, cette couche-toute-nue. Toutes les servantes ne sont bien sûr pas à mettre dans le même panier mais il est notoire que ces filles ont toujours eu des moyens bien à elles pour arrondir leurs gages, et depuis deux siècles, nous avons vu combien les architectes de châteaux se sont efforcés d’éloigner le plus possible les chambrelles des autres chambrées, notamment celles des enfants. Il est en effet inutile de hâter les choses concernant l’éducation à certains mystères, mystères que les servantes ne semblent que trop bien connaître, hélas !
Les servantes des Callaïdes ont toutes leur chambre pour dormir. Après, disposent-elles d’une « chambrette » ou d’une véritable « chambrelle » ? de cela nous nous garderons de répondre trop précisément. Contentons-nous de vous inviter par le trou de la serrure afin de regarder au saut du lit, la petite Lydie, servante de Charis :
Merci de ne pas respirer bruyamment, elle pourrait nous entendre. Du reste vous remarquerez que malgré un lit en désordre, cette irréprochable petite servante a passé la nuit toute seule. Elle a bien du mérite car en dépit de son statut de servante de Callaïde, elle ne dispose pas d’une cheminée et son lit est à peine meilleur que celui du commun des servantes. Néanmoins dame Charis, maîtresse exemplaire elle aussi à bien des égards, lui a donné une de ses épaisses courtepointes afin que sa chère Lydie ne prenne pas froid la nuit, ce qui explique pourquoi elle semble peu soucieuse de couvrir sa gorge, partie pourtant bien sensible chez une jeune femme. Vous remarquerez aussi un mollet ferme et galbé, et à la peau chaude et douce, comme l’atteste les ronronnades de sa petite minette (prénommée Minonne). Spectacle bien décent et bien touchant donc que celui de la chambrette de Lydie que je viens souvent épier admirer pour vérifier les bonnes mœurs de mes personnages les plus purs.
Notez que dans le tome I, un autre personnage s’adonnera à une petite séance de spectacle par le trou de la serrure. Une vraie chambrelle cette fois-ci, sans cheminée non plus, ou plutôt d’un type particulier. Ah ! Laissons cela, ce pénible souvenir m’échauffe et du reste, Lydie s’apprête à sortir pour rejoindre sa maîtresse, je n’aimerais pas à ce qu’elle nous voie derrière la porte, recroquevillés face au trou de la serrure. Je suis un auteur propre, moi !
Gaspard Auclair