© Yuka Nagate
Un certain nombre des tankas de Shinobu Takeda évoquent ses sensations lors des nombreuses batailles auxquelles la poétesse guerrière a participé. Ainsi celui-ci, restituant l’instant où la lame du kissago pénètre dans le corps d’un adversaire :
Lame en chair s’enfonce,
Chaleur vive au bout des doigts,
Silence de sang.
Mais il en est quelques-uns qui rendent compte des sensations au moment de recevoir une blessure :
Acier m’effleure,
Chaud torrent sous ma peau,
La vie vacille.
Et, plus curieux, ce tanka qui associe meurtrissure… et plaisir :
Acier mord ma chair,
Douce brûlure en mon flanc,
Lente extase rouge.
De là à dire que Shinobu Takeda a volontairement reçu ses dix-huit blessures ! Précisons ici qu’une incertitude persiste quant au choix du temps et de la personne du premier verbe. Troisième personne du présent de l’indicatif ou deuxième personne de l’impératif ? Même les spécialistes shimabis face au texte original n’ont pas la réponse ! En tout cas, la forme du tanka s’accorde bien à la brièveté de sa vie. Rappelons qu’elle est morte à l’âge de vingt-sept ans.