Autres Voix : Combat de la princesse Ayamé contre Renzo Ôbaturo (FIN)

Suite de cet article.

Le combat entre la princesse Ayamé et Renzo Ôbaturo tient toutes ses promesses. D’un côté l’agilité et la grâce aérienne, de l’autre la puissance et la force brute. La princesse parvient à esquiver aisément les coups de son adversaire mais ne peut empêcher à un moment, la fatigue se faisant plus intense, que le poing de Renzo s’engouffre dans le pan de sa veste de dankan et livre à la vue de tous les deux joyaux de chair qu’elle protège…

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C’était le cri de la beauté et de la pudeur bafouées, cri qui appelait une réaction, et bien plus terrible que celle qui se produisit à l’intérieur des tuniques des vingt-sept élèves mâles présents à la vue des perles princières de grâce.

Renzo, lui, se figea. Ses yeux, écarquillés de surprise, oscillaient frénétiquement entre le visage indigné de la princesse et ce qui venait de se révéler à lui, vision qui, malgré toute la brutalité qui l’avait permise, le plongeait dans une admiration béate. C’est que le porc, avec sa trogne de sanglier hirsute, était sûrement habitué à ne fréquenter que des truies d’auberge et ne devait pas avoir l’occasion d’admirer des appâts comme ceux qu’il avait sous les yeux !

— Ah… j’espère que… je ne vous ai pas… blessée ?…

Voilà que le jocrisse se mettait à lui parler respectueusement maintenant ! En vérité, c’était odieux ! Sa main massive s’éleva dans un geste incertain, comme pour s’excuser, mais ses yeux, traîtres, continuaient de glisser vers cette vision de beauté inattendue. Il était maintenant à un pas de la princesse, sa main s’approchant comme pour lui donner une tape réconfortante sur l’épaule !

L’erreur lui fut fatale. Ne voulant surtout pas être touchée par l’individu, la princesse remit immédiatement le rideau devant le spectacle de sa poitrine, des deux mains elle referma sa veste et alla même à esquisser un recroquevillement pour la protéger davantage, geste de jouvencelle pudique, mais geste aussi d’adepte de dankan qui, ce faisant, se courba vers la droite pour mieux déplier d’un coup sa jambe gauche qui alla frapper le sanglier en plein dans la hure ! Pris complétement au dépourvu, Renzo se renversa en arrière, et la prophétie de la princesse se vérifia, à savoir que ses couillons heurtèrent le sol avant qu’il ne puisse toucher sa gorge.

Nous explosâmes de joie, le roi ayant décrété que serait déclaré vainqueur le combattant qui parviendrait le premier à faire mordre la poussière à son adversaire, la princesse l’avait donc emporté ! Bien que gardant un air farouche, tout de même bien encolérée à l’idée que ses deux lunes aient été vues ainsi, elle laissa paraître un sourire de satisfaction, alors qu’elle était occupée à remettre la veste de sa tunique.

Renzo, allongé sur le sol, haletait péniblement, essayant de retrouver son souffle après le coup fulgurant qui l’avait envoyé au tapis. Son esprit encore embrouillé luttait pour comprendre ce qui venait de se passer. Était-ce un poing qui l’avait percuté ? Un pied ?  La bête était plongée dans une réflexion pataude qui faisait bien plaisir à voir. Il finit cependant par se redresser sur son séant, mais à peine fut-il posté sur son gros cul qu’un saisissant spectacle eut lieu de nouveau.

C’est que face à lui, la princesse s’était métamorphosée. Cambrée, la senestre posée sur la hanche, un pan de veste écarté pour laisser passer un croissant de lune sur lequel les plus chanceux purent distinguer une marque rosâtre due à l’effleurement du poing de Renzo, enfin la tête inclinée pour laisser coquettement tomber une partie de sa chevelure sur son visage et faire ressortir la rougeur de ses joues, la princesse observait le vaincu avec de grands yeux innocents, brillant d’une lueur espiègle. Sa bouche se plia en un petit cœur, comme si elle allait prononcer des mots doux. On était loin de la rugueuse princesse qui était apparue au début de combat. On était maintenant devant une adorable demoiselle exprimant, ou plutôt feignant d’exprimer un tendre intérêt pour celui qui se trouvait à ses pieds. C’est alors que de la bouche en cœur jaillirent ces paroles :

— Oh, Renzo-kun ! (la voix était terriblement douce… et excitante) je ne t’ai pas fait trop mal ? J’espère que la vue de mes nichons n’a pas trop perturbé ta concentration ? À ton âge, je peux comprendre que l’on n’a plus trop d’occasions d’en voir. À l’avenir, contente-toi des garçons qui s’entraînent avec toi !

La double insulte était terrible, mais proférée ainsi, c’est-à-dire d’une voix mignarde située entre le gazouillis d’un oiseau espiègle et le miaulement d’une chatte câline, il était impossible de se mettre en colère. En tout cas le colosse se mit à rougir et à bredouiller des mots inintelligibles à tel point que le roi, pour sortir d’embarras son vieil ami, applaudit pour inciter les élèves à faire de même.

La belle et le sanglier se réconcilièrent le soir même. Un serviteur nous raconta que le dîner se déroula dans une excellente humeur, la princesse s’amusant à surjouer la chatte impertinente.

Nous autres, nous en avions pour plusieurs septaines à discuter de ce que nous avions vu et entendu. Une longue discussion eut lieu pour savoir si la princesse avait davantage été tawai  (mignonne) que moéka (d’une douceur qui donne immédiatement envie de protéger). Mais plus importante fut la frénésie artistique qui emporta certains élèves se piquant d’avoir un certain talent pour le dessin. Un nombre considérable de petites œuvrettes accompagnèrent nos nuits, œuvrettes représentant d’abord la princesse dans sa tenue de dankan :

Mais assez vite, les choses se gâtèrent. L’un de nous imagina la princesse vêtue de son yukano rose, assise sur les genoux et entourée… d’un poulpe géant !

Pourquoi une telle association ? La présence des tentacules offrait un début d’explication. On trouva bien cela un peu irrespectueux, mais en même temps… Hé quoi ! je l’ai dit, nous étions jeunes et voués à nous consacrer uniquement à l’art de la guerre. Très peu osaient faire le mur pour aller découcher ailleurs dans les bras d’une servante. Ces vignettes nous offraient du réconfort, encore plus quand la princesse se vit de moins en moins couverte de tissu. Le point de départ à cette escalade fut certainement une vignette dans laquelle notre déesse apparaissait toujours flanquée d’un poulpe géant, mais le visage serein, les cuisses à l’air, et surtout ses mains tenant, près de l’entrejambe, des tentacules ! Juste à côté d’elle, une de ces caissettes de bois pouvant être utilisée afin d’y cacher un trésor. Or, ce mot, c’est bien connu, désigne aussi la partie la plus précieuse d’une vierge. Et ce trésor n’était plus, il était vide ! Je vous laisse imaginer comment les pauvres guerriers artistes que nous étions se mirent à imaginer d’autres œuvrettes un tantinet moins respectueuses de notre princesse adorée. D’ailleurs, l’une d’elles faillit nous coûter fort cher car…

Arrêtons là l’extrait des mémoires de Shinichi Funakoshi puisqu’il s’agissait surtout pour nous d’évoquer le combat contre Renzo Ôbaturo. Cela dit, nous n’hésiterons pas, de temps à autre, à y revenir, ses mémoires étant une jolie mine d’anecdotes ayant eu lieu sous le règne du roi Senki.

Gaspard Auclair

La princesse Ayamé Senki apparaît dans les Livres I et II des Callaïdes.

 

 

 

 

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