© Hiroaki Samura
On sait que le moine Takuan Benyu eut plusieurs maîtresses (73 exactement) tout le long de son interminable vie. Parmi elles, Sako Izumi, la grande joueuse de shansen, à la fois réputée pour son art et sa grande beauté. Le premier soir de leur rencontre, devant un public choisi, le moine avait déclamé un long poème accompagné des notes d’Izumi. Ce fut un vif succès.
Devant se rendre à la capitale, le moine décida de prolonger son séjour où se trouvait la musicienne, c’est-à-dire dans la ville de Kanzen, histoire d’expérimenter un peu plus la belle complicité artistique. Elle fut d’ailleurs telle que s’y ajouta une autre complicité, celle qui peut se produire sur les shinmu, ces matelas que les Shimabis déplient sur le sol pour dormir. Cela dura deux mois, avant que Takuan, rassasié de baisers et de notes de musique, décide de reprendre la route. Ils se revirent plus tard, bien plus tard, quand leurs corps étaient devenus tout frippés par l’âge. Ce qui n’empêcha pas quelques beaux échanges culturels (et uniquement eux par contre).
Voici deux tankas que Benyu a dédiés à la grande artiste. Le premier est dédié à son génie du shansen, le deuxième à des souvenirs plus intimes.
Doigts dansant sur les cordes,
Mélodie d’étoiles vibrantes,
Izumi est l’infini.
Peaux et souffles confondus,
Lune complice, désirs brûlants,
Doux cris de Sako la céleste.