Dans le livre II, un personnage découvrira l’envers du décor du Shimabei, royaume aux paysages rieurs constitués de rizières, de monts chatoyants et de bosquets envoûtants, mais comprenant aussi des détails pittoresques qui font comprendre que la vie y est loin d’être simple pour tout le monde. Témoin ces peu aimables buraï qui ont parfaitement le droit de vérifier le tranchant de leur kissago sur le dos du premier paysan venu.
Oui, les paysages du Shimabei, s’ils proposent une admirable dominante de vert dans leur composition, ne présentent pas moins ici et là de petites touches de rouge – surtout avec les bandes de brigands, véritable plaie pour le gouvernement – et mieux vaut rester sur ses gardes. Le personnage dont il est question l’apprendra du reste assez vite et prendra ses dispositions.
Mais tous ces dangers ne sont rien en comparaison de Yuna.
Habitant dans le sémillant village d’Araki (toute coïncidence dans l’onomastique avec un célèbre photographe japonais n’est que fortuite – enfin, peut-être), Yuna est une jolie et jeune paysanne de seize ans. Elle a une petite sœur handicapée des gambes (je rappelle qu’ici, on dit gambes, pas jambes), Mariko, à laquelle elle est très attachée et lui raconte tout, y compris ses peines de cœur. Et cela tombe bien car, au moment où se déroule le tome II du livre II, elle a beaucoup à faire dans ce domaine.
Et pourtant, elle n’a pas grand chose à craindre car voir Yuna, c’est illico sentir son cœur ruer dans la poitrine et sa main avoir des envies d’approches quelque peu inconvenantes sur son cul. Ce dernier mot n’est pas de moi mais du vieux barbon qui habite dans son village et qu’elle doit aller servir en lui faisant son ménage et en apportant ses déjeuners préparés par sa mère (barbon qui a une importance capitale dans le récit). C’est d’ailleurs lors de ces tentatives hasardeuses de pelotage que la douce Yuna montre alors un tempérament de feu plus bouillonnant que les entrailles du Mont Aso, volcan qu’un personnage devra traverser. Mais qu’est-ce que se rôtir la couenne dans un volcan quand on est regardé par Yuna ou que l’on tombe sur sa nudité dans des circonstances que nous ne détaillerons pas ? Le personnage en question sera d’accord pour dire – pour reprendre une expression clé de ce tome – que cela n’est rien.