Lady Helena de Wybert

Elle est celle qui aurait pu être la plus grande des Callaïdes (elle a séjourné dans l’école de dame Adèle) si elle n’avait pas préféré se marier à un chevalier un peu grotesque d’apparence. D’apparence seulement car pour ce qui était de manier l’épée, ses innombrables victimes et son accession au rang de Déïmos ont par la suite prouvé que le choix de cette grande dame d’origine kirklandaise n’était pas hasardeux.

On a beaucoup parlé de la grande beauté de dame Helena, beauté qui tranchait avec ses compatriotes desséchées et aux dents de cheval. Grande, taille bien prise, poitrine harmonieuse, les cheveux châtains tirant sur un roux cendré et attachés en queue de cheval lui recouvrant le dos jusqu’au creux des reins, elle sut préserver sa beauté fort longtemps sans pour autant en user orgueilleusement comme pouvaient le faire de grandes armides de la cour. Habitant à la rue de la Goutte-aux-Belles, dans le quartier des Buttes, elle préférait s’occuper de son somptueux jardin plutôt que de paraître au château. Ne pouvant enfanter, elle se rendait régulièrement dans les orphelinats de la ville pour donner de petits cadeaux aux enfants, qui savaient en échange lui rendre toute l’affection juvénile dont son cœur de mère maudite avait été privé.

C’est à partir des sinistres événements qui tombèrent sur la Callaïde Charis de Verley que sa vie allait prendre une nouvelle tournure.

Il peut être vil d’évoquer ce qui se passe sous la courtepointe d’un lit où dort un couple. Que le lecteur soit assuré que nous ne mangeons pas de ce pain-là. Cependant… dans un but purement informatif afin de bien saisir le personnage, révélons que dame Helena n’était pas sans mettre une certaine passion dans le service d’épousailles, y trouvant sans doute sa part de contentement. Moyen aussi pour elle d’enchaîner un peu plus son Déïmos de mari qui, au fil des années, courba bien souvent l’échine et fit petite queue lorsque son épouse le dévisageait d’un sombre regard ou l’écornait de quelques paroles dures.

Car oui, si Helena était une pianiste douée au toucher délicat, son caractère l’était bien moins, délicat, fort heureusement d’ailleurs pour une certaine personne…

La Louve sauvant la Goualeuse, dans Les Mystères de Paris. Oui, il y a un peu de la Louve en Lady Helena.

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